Création culinaire

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Cuisine d’auteure

Je cuisine comme j’écris, et mes recettes me sortent des mains et de la tête, ni guindées ni figées, nourries de ma sensibilité d’auteure méditerranéo-alsacienne et de cantinière tantôt sédentaire tantôt nomade. 


Autodidacte et ravie de l’être, j’appréhende l’assiette comme un support expérimental et émotionnel. J’œuvre dans la perspective de libérer le désir, et j’ose le faire sans complexe et sans pesanteur. Pas franchement encline à la sacralisation (d’un produit, d’une technique, d’une saison), si je balise le terrain de certaines lignes à suivre, je n’éprouve ni scrupule ni obligation à m’en détacher. 

Création de recettes

Qu’il s’agisse de nourrir et/ou d’inspirer mon assiette, mes livres, mes invités ou mes clients, je conçois (avec le plus d’instinct et d’enthousiasme possible) des recettes graphiques, sensibles et généreuses, qui parlent au cœur et au corps.

Œuvres à voir et à manger, tableaux-paysages à grignoter

Je les conçois puis les mets en œuvre dans le cadre de vernissages d’expositions, d’avant- ou d’après-conférences, d’avant- ou d’après-spectacles, de lancements de produits, d’ouvertures de boutiques, ou de divers rendez-vous institutionnels, commerciaux ou culturels.

Façonnés sur-mesure, ils viennent faire écho à un propos, à un contenu ou à une œuvre plastique ou scénique, picturale, photographique, littéraire ou théâtrale, et ils s’accompagnent généralement d’éléments textuels (légendes, commentaires) d’accompagnement.

J’y conjugue - avec un mélange d’instinct esthétique et d’appétence sensorielle - des mignardises typographiques et/ou géométriques (biscuits, gâteaux) et des salades et/ou entremets poétiques et colorés (découpes de fruits et légumes, crèmes, mousses…).

 Précisions à toutes faims utiles…

Dans la mesure où je suis artiste-auteure (et pas traiteure), je réalise des créations plastico-gustatives vouées à faire office de buffet apéritif, et je ne prends en charge ni les buffets d’un type plus “classique” ni les repas complets.

Dans la mesure où je travaille sur ces créations avec un amour infini mais sans une armada d’assistant(e)s, pour pouvoir leur consacrer un soin et un temps suffisants, j’anticipe leur conception avec le plus d’avance possible, et je ne peux généralement pas honorer une demande formulée moins d’un mois avant un événement.

Dans la mesure où je vis et turbine à Strasbourg et où je ne conduis pas, j’achemine généralement mon “buffet en kit” à pied en compagnie de mes deux petits chariots de courses, ou alors je les fais véhiculer par vos soins.

Réalisations / Portfolio

Œuvre à manger réalisée et présentée au public dans le cadre du Festival Actuelles, pour faire écho à la lecture de de "Méduses" de de Mélie Néel. (Photos sur scène, Raoul Gilibert) (TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg, samedi 18 mars 2023)
Il s’agissait de ricocher sur un très très beau texte sincère et cinglant, on ne peut plus sensiblement mis en voix par un casting de comédien(ne)s vibrant(e)s sous la parfaite houlette de Nancy Guyon, et magnifiquement accompagné d’une partition vocale chair de poulisante performée par la géniale Jeanne Barbieri. J’ai une nouvelle fois appréhendé ma cuisine comme un langage, et je me suis servie des aliments, de mes ustensiles et de ma gestuelle comme si c’étaient des éléments de vocabulaire, de sémantique et de syntaxe. Pour faire écho à ce texte qui aborde le viol avec justesse et sans justice, j’ai cherché à illustrer la notion de traumatisme, ce que Papillon / Méduse appelle "le renversement du monde", ce qui fait qu’alors que tout était auparavant entier et fluide, la vie se coupe soudain brutalement en deux, et qu’on se met à fonctionner avec deux entités dissociées l’une de l’autre, l’avant et l’après, la tête et le corps, le possible et l’impossible, le beau et le devenu dégueulasse, ce vers quoi on rêverait de revenir et ce vers quoi on se sent incapable d’aller. J’ai ainsi mis en scène sur mon plateau deux préparations différentes, dans la perspective de pouvoir les relier l’une à l’autre pour retrouver cette fluidité perdue. D’un côté, une entité liquide (composée par une crème de framboise éclatante gorgée de mini pépins), symbolisant la vie en rose, celle qui a un jour coulé comme un long fleuve tranquille et qui continue à passer crème pour celles et ceux qui n’ont pas subi de traumatisme. De l’autre, une entité solide, (un long biscuit rectangulaire à la poudre d’amande et au sésame), qui matérialise d’une part la pesanteur du traumatisme et le fait qu’il apparaît irrémédiablement comme un élément saillant toujours présent en travers de la gorge quoi qu’on puisse vivre, et qui évoque d’autre part cette fameuse règle, cet imparable précepte qui normalise le fait que les faibles (les femmes, les femmelettes) doivent être à un moment où à un autre brisés par les forts. J’ai naturellement proposé qu’on brise la règle, et qu’en émiettant le biscuit dans la crème de framboises, on plonge la pesanteur et le traumatisme dans la fluidité de la vie. Si bien que tous ensemble, dans ce groupe de parole géant composé du public et des comédien(nes) ultra bien imaginé et mis en œuvre par les étudiants en scénographie de la HEAR, on a mélangé le tout à la petite cuillère, on a attendu que les morceaux de biscuits se fondent dans la crème en observant le rose reprendre le dessus, et puis on a avalé et croqué ce mélange de façon à ressentir de toute sa bouche et de toute son âme combien un jour on arrive à nouveau à renouer avec tous les épisodes de sa vie, même si certains ont nettement plus de relief que d’autres, et combien ce mélange de douceur et de force nous fait un jour à nouveau tenir sur nos jambes, "pleinement, entièrement, en automne comme au printemps".

Œuvre à manger réalisée et présentée au public dans le cadre du Festival Actuelles, pour faire écho à la lecture de de « L’inhabitante » de Leïla Cassar. (Photos sur scène, Raoul Gilibert) (TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg, vendredi 17 mars 2023)
Cette création culinaire pour le TAPS m’a à nouveau permis de cuisiner un récit pour lui donner la réplique selon mon inspiration. J’ai lu le texte en tout début d’année, et le hasard a fait que je revenais tout juste d’un séjour à Lyon, au cours duquel j’avais traversé le quartier Confluences (où le récit a lieu) avec mon chéri architecte, et où ça m’avait fait halluciner qu’on puisse construire un quartier au beau milieu d’une autoroute, et tenter de faire vivre des gens dans une zone aussi peu hospitalière. Ma porte d’entrée culinaire a été insufflée par le personnage de Denise disant à sa fille d’éviter le tunnel de la gare Perrache parce que « les filles sont des proies de choix (…), des bouts de viande ambulants ». Je me suis donc dis que j’allais créer un bout de viande qui n’en soit pas, mais qui y ressemble. J’ai donc non seulement empaqueté ma proposition culinaire dans un papier de boucherie, mais j’ai aussi identifié le lieu d’où ce paquet venait, que j’ai imaginé comme étant une boutique fonctionnant sur un concept à la noix comme la gentrification sait en créer à la pelle, à savoir une « boucherie-pâtisserie » qui vend des gâteaux aux allures de pièces de viande ou de charcuterie. (Merci Garance Rolland pour l’aide à l’emballage). Côté nomination, j’ai pioché dans le texte une réplique de Keira qui dit à Louison « Vas-y j’ai trop faim » avant de s’engouffrer une biscotte. Et c’est justement un truc à la biscotte qui se cache sous le papier, un bout de gâteau qui ressemble à une tranche de terrine, cuisiné avec les ingrédients phare du texte : des paquets et des paquets de biscottes pilées, beaucoup de poire (fruits et compote) et puis pour gentrifier le tout à la mode lyonnaise, avec des éclats de pralines roses, que j’avais commencé par éclater moi-même au marteau, et puis que j’ai fini par me procurer déjà éclatées pour préserver l’intégrité de mon ouïe (c’est fou ce que c’est dur à éclater la praline rose, c’est comme les meufs, c’est sacrément coriace ces bestioles-là).

Œuvre à manger réalisée et présentée au public dans le cadre du Festival Actuelles, pour faire écho à la lecture de de "Billie" d’Amaury Ballet et de Julien Liard. (Photos sur scène, Raoul Gilibert) (TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg, jeudi 16 mars 2023)
J’ai créé une histoire à manger autour de ce texte poignant relatant une traversée de l’océan depuis Haïti à grand renfort de migration forcée et d’esclacage moderne, on ne peut mieux scénographié par trois étudiants de la Hear et intensément mis en musique par l’épatant Samuel Klein. J’avais tout particulièrement envie de prolonger l’histoire, et de lui donner une fin / faim heureuse, porteuse d’espoir. J’ai donc choisi d’emballer mes bouchées (merci infini à Garance Rolland et à ses deux mains pour leur aide) comme des papillotes dans des couvertures de survie. Ce beau paquetage joyeux et chatoyant doré à l’extérieur et argenté à l’intérieur brillait comme le soleil, comme la richesse, et comme la chance. En refermant l’emballage à l’aide d’une attache-parisienne, j’ai voulu évoquer la tentative de se raccrocher au continent. À l’intérieur des papillotes, une parole de Billie elle aussi porteuse d’espoir « chaque plat veut dire que je suis vivante ». Et à l’intérieur du film de protection, qui en remettait une couche sur la volonté de survie, on pouvait découvrir un gros bonbon salé-sucré, dense et texturé, composé de lentilles corail, d’éclats de banane séchée, de pomme acidulée, de beaucoup de citron vert et de gingembre frais râpé. De quoi sentir une Billie restée vivante, ou au moins ayant intensément tenté de l’être.
(La recette des bouchées se retrouve dans mon dernier livre, Retourner chez Jojo).

Œuvre à manger réalisée et présentée au public dans le cadre du Festival Actuelles, pour faire écho à la lecture de "la Faille" d’Adele Gascuel. (Photos sur scène, Raoul Gilibert) (TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg, mercredi 15 mars 2023)
En tant qu’autrice-créatrice culinaire, la cuisine intervient chez moi avant tout comme un mode d’écriture, et j’ai été ravie de cette possibilité de rebondir sur le texte de cette sorte de fable comique visant à détruire la Terre, la femme et tant qu’on y est aussi l’homme) déjà lui-même très nourrissant, dans la perspective d’en rajouter une couche selon mon inspiration instinctive. La bonté de la terre coulée sous une chape de béton. Voilà ce j’avais envie de représenter. Il y eut donc d’un côté un gâteau salé, très dense, débordant d’ingrédients cultivés, récoltés et cuisinés par la main de femmes et d’hommes y mettant tout leur amour et leur énergie (en l’occurrence une fondue d’oignons rouges et verts, du navet légèrement caramélisé, du céleri branche poêlé, des graines de tournesol, et puis du persil plat et de l’aneth). Et de l’autre côté une épaisse chape grise cuisinée en deux temps trois mouvements avec du fromage blanc et de la pâte de sésame noir (ça c’est mon influence mi-alsacienne mi-marocaine qui a encore frappé) et irrésistiblement parfumée avec du citron, de l’ail et un peu de gingembre. L’idée était bien sûr d’ensevelir le gâteau sous la chape, pour "lui mettre la pâtée", ce qui a été l’occasion de se (re) pencher sur l’origine de cette expression aujourd’hui souvent ultra virilisée, qui provient en fait de l’époque où Jeanne d’Arc a vengé les Français juste après la défaite d’Azincourt en mettant une bonne raclée aux Anglais dans la ville de Patay. Un combat et une victoire de femme, donc…

Œuvre à manger réalisée et présentée au public dans le cadre du Festival Actuelles, pour faire écho à la lecture interprétée, scénographiée et mise en musique (le tout sous la parfaite houlette de Houaria Kaidari) de "Une rose parmi les ruines" de Jamila Bensaci. (Photos sur scène, Raoul Gilibert) (TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg, mardi 14 mars 2023)
Pour cette bouchée, j’ai souhaité construire un abri, un sanctuaire, sous la forme de cette boîte gigogne pliée, découpée et assemblée de mes mains. (Pour la petite histoire, j’ai passé plus de deux jours à fabriquer les 120 boites distribuées au public et à l'équipe, et j’ai trouvé ça intensément méditatif et nourrissant).
Pour aborder la gourmandise, je relaie la parole des mères citées par Nejma :« mange mon enfant, mange tant qu’il est encore temps ». En ouvrant la boîte, on peut découvrir cette bouchée, imaginée comme un cadeau, comme un trésor, à savoir une pâtisserie gorgée d’orient (avec son jus d’orange, son yaourt grec, son huile d’olive et son zaatar), de sucre (en l’occurrence une énorme quantité de sirop d’orange bien caramélisé pour imbiber le gâteau et pas mal de miel pour enrober les cacahuètes si chères à la mémoire de Saci, qui « donnerait tout pour (retrouver) ses habitudes avec Safia ». J’ai voulu ériger un solide édifice construit à partir d’un agrégat de miettes, dans la mesure où ce gâteau se tient non pas grâce à de la farine, mais grâce à des feuilles de pâte filo grillées puis émiettées à la main dans le mélange de jus d’orange, de yaourt et d’huile. Et en soulevant la bouchée, on constate qu’elle est posée sur un joli disque doré qui n’est autre que l’évocation de la musique et de la voix de Warda qui tournent et retournent en boucle au fil du texte.

Tableau à manger “Le goût" en écho à la conférence de l’historienne Linda Gil sur une aventure éditoriale autour de Voltaire. (Espace Européen Gutenberg + BNU, janvier 2023)

Installation “Café Jojo” au sein de l’exposition “Au Bonheur” : mise en scène d’une sélection de vaisselle combinée à un savoureux florilège de pâtisseries de gros et de détail. (CEAAC, décembre 2022)

Buffet “À croquer de la plaque” en écho à la conférence “À côté de la plaque” de Florian Sieffer présentant les matrices du 16ème siècle conservées par le Cabinet des Estampes et des Dessins de Strasbourg : tableau culinaire en noir, gris, beige et brun, reprenant les couleurs du bois, du cuivre et des différents métaux utilisés en gravure à l’époque. (Espace Européen Gutenberg + BNU, novembre 2022)

Buffet “Grignographie” en écho à la conférence de l’imprimeur sérigraphe Michel Caza (Espace Européen Gutenberg + BNU, octobre 2022)

Buffet d’inauguration d’une agence de pompes funèbres (Pompes Funèbres de France, octobre 2022)

Buffet “Bons hommes et bonnes choses” en écho à la conférence de l’historien Peter Andersen sur l’ouvrage "99 Portraits d’Humanistes” (1585) de Nicolas Reusner " (Espace Européen Gutenberg + BNU, mai 2022)

Buffet d’afterwork “Jojo’s Créapéro”, en écho à une conférence sur la créativité donnée par Martin Descours (Agence My Client Is Rich, avril 2022)

Buffet de vernissage en écho à l'exposition de Charlotte Khouri "You're allways be taller than a newspaper" (CEAAC, avril 2022)

Buffet en écho à la conférence "Des livres sur les livres" (Espace Européen Gutenberg + BNU, mars 2022)

Buffet à emporter en écho à la conférence de présentation du "Codex 1980" (Espace Européen Gutenberg + BNU, février 2022)

Buffet à emporter autour de l'installation "À rebours, la ville compte" (CEAAC, décembre 2021)

Buffet de vernissage en écho à l'exposition de Chiara Camoni "La Meraveglia" (CEAAC, octobre 2021)

Buffet de vernissage autour des œuvres de l'exposition "Time to leave the capsule, if you dare" (CEAAC, mars 2020)

Buffet de vernissage autour des œuvres de l'exposition "Il ne faut pas en vouloir aux événements" (CEAAC, décembre 2019)

Buffet de vernissage noir-blanc-gris autour des œuvres de l'exposition "Ite missa est" (HEAR + PARCUS, novembre 2019)

Buffet de vernissage autour des œuvres de l'exposition "Effets secondaires" (CEAAC, mars 2019)

Buffet de vernissage autour des œuvres de l'exposition "Parallèles - Regionale", (CEAAC, décembre 2018)

Buffet-goûter typographique pour le vernissage de l'expo-vente d'affiches "Super Image" (HORSTAXE + CEAAC, décembre 2018)